J'ai recommencé à écrire intensément. Je ne peux plus arrêter. Je ne fais que penser à ça, jour et nuit. Comme à une planche de salut. Peut-être parce que le goût de vivre est moins présent ou tout simplement absent de ma conscience. Dans une ultime étincelle, je redécouvre la vie au bout de mon crayon. Le chuintement de la mine, les minuscules lettres, la douleur au poignet, les doigts ankylosés, tout pour me rappeler que je suis en vie... que j'arrive à penser à autre chose qu'à la mort. La mort qui est rentrée par la grande porte cette fois-ci. Pas un simple cauchemar ou une lecture choisie. Non, une lame de fond qui a tout ramassé, même la certitude naïve de l'immortalité. L'immortalité de ces choses que l'on construit et qui nous accompagnent à travers le temps.
La mort possible qui est arrivé au bout de la ligne, accompagnée d'angoisse, de peurs, d'espoir, de désillusion, d'incompréhension, de détresse et de soulagement. La mort qui s'est infiltrée en images sous mes ongles, sur mes mains et sur ma peau. Ma peau dont je redécouvre les racines plantées dans la douleur et le désarroi.
J'ai repris mon crayon évacuant la machine porteuse de toutes ces images de mort et de destruction. Et j'ai cherché la vie. La vie dans ces histoires qui me sont murmurées à l'oreille à chaque instant. J'ai pris mon crayon et j'ai écouté pour trouver et entendre sous les babillages incessants la couleur de la vie.
Et sous les décombres de mon cœur arrêté, de mon souffle coupé, j'ai entendu. Entendu la vie qui se forge une histoire sous la mine du crayon.
Pensées, reflets d'âmes emprisonnées entre l'ici et l'au-delà, murmures captés dans les égrégores anciens et nouveaux. Mots. Je marche sur le mince fil entre l'ombre et la lumière. Lumière éblouissante dans vos ténèbres. Ombre dans le jour éclatant. Je suis celle qui écoute les murmures du vent et les voix qui hurlent dans la tempête. Celle, qui des larmes, fabrique des colliers de mots et les raconte. Je suis celle qui apprend et s'inspire des êtres dont elle croise la route.
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