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lundi 14 avril 2014

L - Les Lucioles

Je parle souvent de mon roman pour les adolescents Comme des lucioles dans le vent. Ados 15 et plus. Je profite donc de la lettre du jours pour vous en parler un peu plus.

Pourquoi des lucioles? Je trouve que l'image est magnifique pour décrire la période de l'adolescence.

Luciole : Insecte irradiant un éclat de lumière éphémère, dansant dans le vent chaud de l’été.

Adolescence : Époque de la vie, fragile et insaisissable où l’absolu se vit avec chaque émotion.

Comme des lucioles dans le vent : Éclats de lumière éphémère dansant dans le vent chaud de l’été, comme cette époque de la vie, fragile et insaisissable où l’absolu se vit avec chaque émotion. Quelques années qui s’échappent en un instant et ne laisse que le souvenir impérissable d’un feu ravageant.

Comme des lucioles dans le vent est le récit de cinq adolescents vivant des réalités bien différentes et dont les destinées se croiseront bien malgré eux. Du vendredi matin au lundi midi, une fenêtre s’ouvre sur leurs pensées, leurs espoirs, leurs drames, leurs émotions.

Que se passe-t-il dans la tête d’une jeune fille alors qu’elle subit un avortement? Comment un jeune fugueur retrouve-t-il le courage de pardonner et de rentrer à la maison après deux ans de fuite? À 17 ans, est-on réellement prêt à payer le prix pour faire partie de la gang? Comment arrive-t-on à transcender la peur après s’être fait agressée par le gars le plus populaire de l’école? Et comment, après avoir été battu et torturé par d’autres élèves, un jeune arrive-t-il à oublier et à refaire sa vie ailleurs?

Écrire pour les adolescents est difficile. J'ai remarqué qu'il réagissait fortement, dans leur lecture, à des situations intenses ou des personnages qui vivaient des émotions très fortes. J'ai tenté d'écrire de façon à ce qu'ils puissent facilement se mettre dans la peau des personnages. On verra si j'ai réussi...

Je vous ai présenté Feemo, il y a quelques jours. Je vous présenterai les autres éventuellement, au fil du temps.

Avec respect!
ML

lundi 7 avril 2014

F comme Feemo

Non ce n'est pas une faute d’orthographe. Je ne parle pas ici de la pâte à modeler Fimo. Mais bien de Feemo, un des personnages de mon roman pour ado Comme des lucioles dans le vent. D'après les commentaires reçus par mes premiers lecteurs, c'est le préféré des cinq.

C'est un jeune qui vit dans la rue.

Je me souviens très bien du moment où j'ai écrit l'intrigue l'entourant. Je voulais qu'en lisant son histoire, le lecteur soit touché et en arrive à penser que ça pouvait être son frère, son fils, son meilleur ami qui vivait cette situation. Je voulais qu'on ait envie de lui jaser, de lui offrir un café ou au moins de lui sourire.

À cet époque, j'écrivais régulièrement dans un café de la rue Ste-Catherine. Ce jour-là, je doute. J'ai travaillé avec beaucoup de jeunes, mais rarement avec des jeunes marginaux. Ce que j'en savais m'avait été raconté par d'autres intervenants. Mais comme l'écriture, ce n'est pas juste une question d'expérience, j'ai puisé dans mes impressions, mes images et mes quelques interactions avec eux.

Et j'ai écrit durant de longues heures, imaginant un de mes enfants vivant dans la rue... imaginant le grand câlin que je lui ferais si je le retrouvais.

En sortant du café, je croise un jeune qui quêtait au coin de Papineau et Ste-Catherine. Il me regarde en souriant, me tend la main. Je lui souris et fais non de la tête. Il insiste :

- T'as l'air fine tu pourrais m'inviter à souper!
- Faut que j'aille faire souper les enfants.
- Un câlin d'abord!

En plein milieu du trafic, je l'ai pris dans mes bras, longuement, comme si je serrais un de mes enfants. Ça nous a fait du bien à tous les deux.

Extrait - Comme des lucioles dans le vent (Feemo)

Leur regard se croise à nouveau et Fred sourit. Ça lui était arrivé souvent de croiser dans la rue ces adolescents qui sur un coup de tête quittent la maison et sont trop tête dure pour y retourner. La rue finissait par briser et détruire la dernière parcelle d’innocence et d’espoir qui tant bien que mal survivait au fond d’eux. Feemo, ne faisait pas exception, malgré une certaine assurance. Mais Fred avait trop vu cette carapace faites de peur et de colère, pour ne pas savoir que sous ses air,  se cachait un enfant mort de trouille. Il ne saurait sûrement jamais pour quelle raison le gamin s’était retrouvé tailladé dans la ruelle derrière l’hôpital, mais il était certain que ça ne serait pas la dernière fois.

Richard, un travailleur de rue, lui avait dit une fois : « Mon Fred, ces jeunes finissent par croire dur comme fer à la personnalité qu’ils se forgent dans la rue pour survivre, qu’ils en oublient leurs rêves, leur avenir, leur âme. Se sont des fantômes. Les squelettes que l’on cache dans les placards à l’abri du commérage. Mais la nuit, ils hantent la ville, corps sans âme. Sac de peau en liberté. »

- Ya pas de quoi mon petit gars. Fais attention à ta peau quand tu sortiras. Et si tu as un bobo à soigner, je suis ici toutes les fins de semaine jusqu’à six heures du soir, n’hésite pas, lance Fred accoté dans le cadre de porte.
- Peace, man!, murmure Feemo, deux doigts levés en signe de paix et de respect.

À part avec Chantal, c’était la première fois que Feemo ne se sentait pas comme un corps vide avec l’envie pressante de fuir. Plusieurs fois, il en avait eu marre de la rue. Mais où serait-il allé? À la maison? Un autre endroit où il fallait prétendre que tout allait bien et qu’on était au-dessus de ses affaires. Au moins dans la rue, c’était clair. Il savait à quoi s’attendre et savait ce qu’on attendait de lui. Sourire, offrir son corps et ramasser le cash, et surtout, surtout fermer sa gueule. Dans une vie antérieure, il s’appelait François Morin. Aujourd’hui il était Feemo, un bout de plasticine colorée, malléable et sans âme.


Avec respect!
ML

mercredi 8 janvier 2014

En ce début d'année...

Tous mes meilleurs vœux pour une année remplie de lumière, d'abondance et d'inspiration.

Cette année, au niveau de l'écriture :
- Je compléterai, la série Lorsque le fond de la mer a tremblé
- Je publierai un roman en anglais
- Je terminerai l'écriture du recueil de nouvelles
- Je soumettrai à des éditeurs mon roman pour adolescents Comme des lucioles dans le vent
- Et je me laisserai porter par l'inspiration.

Je débute aussi l'année, le cœur triste. Mon père est décédé tout juste avant Noël. D'où mon absence sur les réseaux durant les fêtes, alors que je me promettais de prendre de l'avance et d'interagir avec vous.
C'est mon père qui a nourrit, enfant, mon imaginaire en m'achetant des livres et des livres et me racontant de nombreuses histoires. D'ailleurs, j'ai quelque part gribouillé l'idée d'un livre de contes, avec sorcières, dragons, etc., inspiré par ces histoires. Pour plus tard...

Avec respect!
ML


mardi 30 juillet 2013

Camp NaNoWriMo et les projets en cours

Une personne s'étonnait, alors que je lui disais que j'avais déjà au moins 5 autres livres écrit en plus de celui que je viens de publier.

Ce ne sont pas 5 livres complétés. Ils sont à différents stades. Mais ils ont tous le premier jet de complété. Quand c'est fait, je les mets dans la "couveuse" et je les laisse vieillir un peu.

Lorsque le fond de la mer a tremblé a été écrit en 2006.
Une mère de larmes a été écrit entre 1993 et 2003
Comme des lucioles dans le vent a été écrit en 2008 et 2011 (roman jeunesse)
Mysterious ways (titre de travail) en 2010 (Dark Fantasy)
The Castle ((titre de travail) 2011 (Erotic Fantasy)
Le chat (titre de travail) en 2012 (Policier)
Les chaînes (titre de travail) en 2013 (Surnaturel)
(Et sans compter les histoires qui ont déjà 4-5 chapitres)

La première révision sert à démêler le casse-tête et à mettre les sections en ordre. J'écris plus ou moins de façon suivie. Ça dépend de l'histoire, je suppose. Je passe beaucoup de temps à rendre cohérent le début avec la fin. Avec Les lucioles, j'ai inclus d'innombrables nouveaux détails pendant que je rédigeais les 100 dernières pages (sur 390)...

À la deuxième révision, je m'arrache le coeur. Je coupe, découpe et opère de manière chirurgicale.
À la 3ème révision, je mets de plus beaux mots, je retravaille les phrases, j'affine la psychologie de mes personnages.
À la 4ème, autre opération chirurgicale. Je prends en compte les commentaires de mon comité de lecture. Parfois je rajoute des scènes. Parfois... je coupe encore.
À la 5ème, je travaille les dialogues... mais pas trop. Enfin, je suis pour l'expression libre. Je sais que le dialogue est important, qu'il faut éviter les redondances, mais parfois le personnage c'est ça qu'il veut dire. Alors je retravaille le texte autour.
À la 6-7-8-9-10 je corrige les fautes. Je fais semblant que je sais comment mettre les virgules... (j'avoue je fais ça d'instinct. Merci à tous les réviseurs de ce monde, je dois être un cauchemar de la virgule...!)
À la 11-12, encore un peu de lissage.
À la 13ème, je rage devant les coquilles, les mots qui manquent, les fautes(encore??!!!).
Etc. etc.

Alors malgré tout ça, je continue d'écrire pour avoir quelque chose à publier dans les années à venir. Avec la pratique et du temps dédié (je commence à être pas pire) le travail de révision ira peut-être plus rapidement.




CAMP NANOWRIMO - c'est fini!!

Me voici à la ligne d'arrivée avec 50 133 mots. Les chaînes m'a littéralement fait sortir chaque perle de sueur de sang que mon âme peut contenir. C'est un roman surnaturel, mêlé à un peu d'horreur. Oui je sais moi aussi des fois j'aimerais écrire de la chicklit populaire... (si jamais je le fais je prends un pseudo!)

Je le mets dans la couveuse, mais peut-être que je vous régalerai de quelques extraits. :)

D'ailleurs, je me promets de vous partager des extraits plus souvent... des fois que vous me laisseriez quelques commentaires. En passant, je prends toujours les applications pour les comités de lecture.

Avec respect!
ML

mercredi 3 août 2011

Mission accomplie

C'est dans un moment très dramatique et hollywoodien que j'ai écrit le mot FIN à la dernière page de mon livre, vers 18h aujourd'hui. 394 pages plus tard. Ce fut un moment d'intense surprise! Les personnages ont convergé, dans un moment d'extrême tension, vers un point culminant, qu'ils semblaient avoir décidés d'avance, sans m'en parler, en me mettant devant le fait accompli.

J'ai terminé l'histoire. C'était ce que j'étais venue faire, en m'exilant deux semaines. Voilà, j'ai laissé libre court à mon imagination, sans contrainte, en m'abandonnant aux lubies de mes personnages, malgré mon opinion sur ce que j'écrivais et ce qu'ils me faisaient écrire.

Je flotte depuis quelques heures, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

Je ne savais pas qu'après le contentement, qui était présent hier, il y avait aussi la paix et le calme intérieur. Je repense à toutes les fois où je me suis dit « À quoi bon? » Mais toujours je suis revenue écrire quelques pages par-ci par-là. C'était l'été de la dernière chance.

C'est fini et ce n'est pas fini. Maintenant le vrai travail commence. La relecture, les coupures (!!!!), la réécriture, le découpage, le recoupage, la censure, la décensure (je sais ça n'existe pas, mais vous comprenez!), les pleurs et les déchirements. Maintenant, il me reste à prendre la matière brute, morceau par morceau et à la transformer pour en faire un vrai livre.

Merci à tous ceux qui depuis 3 ans me demandent, quand vous me croisez : « Et puis comment va ton livre? » « Est-ce que tu écris toujours? »

Merci tout simplement d'être là. Ça me touche que ce que je vous partage de ce rêve qui m'habite allume des étincelles d'intérêts dans vos yeux. Merci de votre soutien, de votre amitié et de votre amour.

With great respect and love!
A.

dimanche 24 juillet 2011

Les premières heures...

Ce sont les premières heures dans cet endroit qui a ravi mon cœur il y a déjà plus de 10 ans. Un endroit où j'ai marché sur les étoiles et vu des arcs-en-ciel dans le souffle des baleines. Un endroit où le fleuve et ses habitants se régénèrent, s'abreuvent, se nourrissent. Un endroit où je touche mon âme. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi ce lieu pour mon marathon d'écriture; le sprint final vers le mot de la fin de ce roman qui m'habite depuis trop longtemps et qui ne demande qu'à vivre en dehors de moi, avec vous.

Déjà après 3h30 de route, je pouvais apercevoir les forts rayons du soleil sur le fleuve, un ballet de feu et d'eau, sans musique, mais qui créait sa propre musique de vent et de vagues. Entre les arbres, entre les montagnes, du haut d'une falaise, chaque perspective est unique. Et ne sera pas la même lorsque je repasserai par le même chemin, toujours avide de retenir en moi toutes les images possibles de cet endroit.

Les premières heures... retrouver mes repères. Tout est exactement comme dans mon souvenir. Trop de gens qui viennent « voir ». Mais ici il faut écouter et dans le murmure du vent, on peut entendre où aller pour trouver les trésors cachés. Garder les yeux fermés et se laisser porter et enfin lorsqu'on arrête, ouvrir les yeux et se laisser remplir de splendeur.

Ce soir c'était fiesta autochtone. Une magnifique famille Innu est venue passer le week-end et a cuisiné en l'honneur d'un des leurs qui s'est suicidé il y a peu de temps. Oui c'est épouvantable, oui il y en a trop... mais la dignité de cette famille est troublante. Le partage de leur musique, de leur nourriture et simplement sans mot, comprendre. Ne pas juger, accepter et s'ouvrir pour que ça n'arrive plus.

Au menu :
- Caribou : pas vraiment ma viande préférée
- Castor : ça j'ai bien aimé
- Perdrix : servie dans un ragoût de haricot blanc. J'ai pogné la tête avec le bec et tout. Un des cuistots m'a dit que c'était de bonne augure. Augure de quoi je ne sais pas, mais j'aime bien la bonne augure surtout prédite par des autochtones.
- Phoque : servi dans une sauce qui selon moi goûtait le vin rouge. Très bon.
- Saumon fumé : en fait c'est saumon cuit à la fumée... pas le saumon des bagels. Très bien aussi.
- Outarde grillée : j'adore!!!
- Avec un pain cuit au feu de bois qui avait franchement un petit goût de revenez-y encore et encore.

Les rencontres : oui car il y a des rencontres ici. Une passagère dans l’autobus, ancienne fonctionnaire au ministère de la justice qui a décidé, un jour, d’aller vivre à Rivière au tonnerre, pour enfin « respirer dans sa vie ». Le repas partagé avec des jeunes françaises qui se baladent chez-nous. Savoureux de les entendre raconter le Québec, ses saveurs et ses lieux « culturels ». Une jeune allemande sympathique qui m'obstine que les mouches piquent. Oui, oui la mouche bête qui fait les poubelles. Elle doit parler des mouches noires.... mais je n'en ai pas vu ici, encore.

Je niche à flanc de falaise. Je pensais faire une courte transition, genre 2 jours dans une jolie auberge La Mer veilleuse.... mais qui se trouve juste à côté d'un bar où s'est écrit sur la porte : attention sortie de gars chauds. J'y arrivais en même temps qu'une bande de 6 jeunes français qui faisait déjà tout un boucan dans l'autobus... exit, je m'en vais dans le bois avec ma jolie tente, loin du raffut. Demain matin, je n'aurai qu'à gravir quelques mètres et du sommet j'apercevrai l'embouchure du fjord.

Le marathon d'écriture : ça commence officiellement mardi. Je prends le temps de me libérer l'esprit et de retrouver mes personnages et d’entendre leur histoire à nouveau comme si c’était la première fois que je l’entendais. Et prendre le temps de me laisser bercer par les esprits qui habitent les lieux.

Avant la nuit : écrire ma première carte postale. À Gaby. Parce que je sais qu'elle comprend ce qui m'habite. Parce qu'elle sait voir cet endroit les yeux fermés et parce qu'ensemble on a partagé les arcs-en-ciel dans le souffle des baleines.

With great respect! A.

mardi 8 avril 2008

Une grande nouvelle

Grande annonce!!!
"Comme des lucioles dans le vent" sera publié cet automne!!!
Originalement ça devait être un recueil de nouvelles, mais ça sera transformé en histoire!!

Je flotte les deux pieds sur terre... quelle drôle de sensation!!!

jeudi 11 octobre 2007

Éteindre le soleil

À la demande générale, je vous présente une autre luciole. Je ne l'ai pas nommé encore parce qu'elle est l'ensemble de plusieurs jeunes filles et femmes qui ont vécu cette expérience. Voici quelques notes que j'ai retrouvé en faisant du classement. Avertissement aux âmes sensibles.

Je ne crois pas avoir eu mal. Un inconfort tout au plus. Je n’ai pas eu peur, malgré le bruit de l’appareil, un long tube aspirateur. Seulement la conscience soudaine que j’aimerais être ailleurs. Voguer dans le rayon de soleil qui filtre à travers les stores. Me blottir dans la chaleur de cette main dans la mienne. Me perdre dans le souvenir de mon grand-père heureux. Force tranquille.

Je suis seule dans la ville. Ville inconsciente de la vie qui est sortie de moi et qui baigne au fond d’un bocal clair. Trois centimètres d’amour… une perle, une larme jamais pleuré. Je marche dans le grand parc sous les arbres qui semblent se rapprocher de moi. Enveloppant, m’offrant leur inconditionnelle présence, me pardonnant le sacrifice que j’ai du faire. Sacrifier l’amour, par peur de la mort. Je n’arrive pas à pleurer. Je vais seule dans la ville, ultra consciente du temps qui s’écoule. Amère.

Le retour à la maison. Petite vie où tout le monde semble bien se foutre de ce qui peut m’arriver. Personne ne me demandera comment je vais. Comment ça c’est passé. Personne ne saura jamais que j’ai porté l’univers l’espace d’une inspiration et que dans un seul soupir libérateur je l’ai laissé aller.

Personne ne saura que j’ai laissé la vie au fond d’un bocal clair et que j’ai arraché un rayon au soleil pour enfin pleurer.

mercredi 12 septembre 2007

Anastasia

À temps perdu j'écris quelques idées pour le recueil de nouvelles : Comme des lucioles dans le vent. Je vous présente aujourd'hui Anastasia, qui est venue hanter mes pages à quelques reprises. Évidemment cela deviendra un texte beaucoup plus élaboré avec le temps, aujourd'hui je vous partage mes notes préliminaires.


Au bord de sa fenêtre le ciel semble si loin et si proche en même temps. Quelle sensation de s’élever vers le soleil? Quelle sensation de s’évaporer dans le néant et laisser son âme disparaître dans le temps. Sans un regard derrière. Sans une pensée guerrière.

Au bord de sa fenêtre le sol semble si loin et si près en même temps. Quelle sensation de flotter dans l’air? Quelle sensation de s’écraser sur le sol? Sentir ses os craquer, le squelette se casser. Laisser la vie s’échapper dans chaque éclat d’os brisés.

Assise sur le bord de sa fenêtre elle n’entend plus la terre qui tourne. Son cœur ne résonne plus des rires de l’enfance. L’amour ne trouve plus d’écho dans son cœur blessé.

La douleur. Sa présence. La peur qui pulse dans chaque cellule. À ses oreilles les mots vils des sots. Les mains sales sur sa peau. Un tremblement, un frisson d’effroi à la pensée du couteau sur sa gorge. Le courage défaillant, ne pas lutter. La peur. Les larmes qui coulent sans bruit.

Ses longs cheveux dénoués qu’elle a voulu arracher pour avoir mal. Ses poignets qu’elle n’a pas entaillés par peur d’avoir mal. La pilule oubliée pour rester consciente. La pilule avalée pour annihiler sa conscience.

Assise sur le bord de sa fenêtre, elle n’entend pas le cri de sa sœur, la question restée en suspend. La sensation d’une vague présence. L’esprit qui s’embrume déjà.

La chute.

Sans un cri, sans un son. Sans un sursaut de son cœur meurtri, elle laisse son corps foncer vers le sol. Elle laisse son corps s’éclater au sol. Sans un filet de sang, inerte, un corps sans vie.

Faiblement, son cœur bat. Une étincelle de vie, un éclat de désir, une cellule qui respire. Le regard rivé au ciel, inatteignable. Elle ne saura jamais ce que c’est que de s’évaporer dans le néant. Déjà la douleur s’infiltre puissante, dans ses os brisés. Une larme, une seule, avant de sombrer dans le noir.

On s’affaire autour d’elle. Les pleurs des mères accompagnent sa chair meurtrie. Elle ne les entendra jamais. L’amour versé en larmes ne lavera pas sa peine, ne l’enveloppera pas de douceur. Déjà on prétend. On nie la douleur, la détresse. Déjà on excuse son geste. C’est un accident. Un accident de parcours.

Comment laisse-t-on des âmes si douces connaître la peur? Où étions-nous? Comment une âme si pure goûte-t-elle à la noirceur? Où étaient nos mots apaisants?

Où étions-nous?

Sur le bord de sa fenêtre un coup de vent. Un murmure du ciel, un appel envoûtant. Le corps démoli s’attarde un instant, au bord de cette fenêtre où tout s’est arrêté. Comme une feuille dans le vent elle s’est envolée. Déjà fanée à 14 ans.

Elle ne se rappellera pas de la chute. Elle ne reconnaîtra pas la douleur profonde de son âme. Il ne lui restera que l’intense douleur dans son corps. Autour d’elle, les larmes sur des visages fermés. Autour d’elle des êtres inconnus. Elle ne parlera plus. Elle continuera de regarder le ciel pour vouloir si évaporer.