Ce sont les premières heures dans cet endroit qui a ravi mon cœur il y a déjà plus de 10 ans. Un endroit où j'ai marché sur les étoiles et vu des arcs-en-ciel dans le souffle des baleines. Un endroit où le fleuve et ses habitants se régénèrent, s'abreuvent, se nourrissent. Un endroit où je touche mon âme. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi ce lieu pour mon marathon d'écriture; le sprint final vers le mot de la fin de ce roman qui m'habite depuis trop longtemps et qui ne demande qu'à vivre en dehors de moi, avec vous.
Déjà après 3h30 de route, je pouvais apercevoir les forts rayons du soleil sur le fleuve, un ballet de feu et d'eau, sans musique, mais qui créait sa propre musique de vent et de vagues. Entre les arbres, entre les montagnes, du haut d'une falaise, chaque perspective est unique. Et ne sera pas la même lorsque je repasserai par le même chemin, toujours avide de retenir en moi toutes les images possibles de cet endroit.
Les premières heures... retrouver mes repères. Tout est exactement comme dans mon souvenir. Trop de gens qui viennent « voir ». Mais ici il faut écouter et dans le murmure du vent, on peut entendre où aller pour trouver les trésors cachés. Garder les yeux fermés et se laisser porter et enfin lorsqu'on arrête, ouvrir les yeux et se laisser remplir de splendeur.
Ce soir c'était fiesta autochtone. Une magnifique famille Innu est venue passer le week-end et a cuisiné en l'honneur d'un des leurs qui s'est suicidé il y a peu de temps. Oui c'est épouvantable, oui il y en a trop... mais la dignité de cette famille est troublante. Le partage de leur musique, de leur nourriture et simplement sans mot, comprendre. Ne pas juger, accepter et s'ouvrir pour que ça n'arrive plus.
Au menu :
- Caribou : pas vraiment ma viande préférée
- Castor : ça j'ai bien aimé
- Perdrix : servie dans un ragoût de haricot blanc. J'ai pogné la tête avec le bec et tout. Un des cuistots m'a dit que c'était de bonne augure. Augure de quoi je ne sais pas, mais j'aime bien la bonne augure surtout prédite par des autochtones.
- Phoque : servi dans une sauce qui selon moi goûtait le vin rouge. Très bon.
- Saumon fumé : en fait c'est saumon cuit à la fumée... pas le saumon des bagels. Très bien aussi.
- Outarde grillée : j'adore!!!
- Avec un pain cuit au feu de bois qui avait franchement un petit goût de revenez-y encore et encore.
Les rencontres : oui car il y a des rencontres ici. Une passagère dans l’autobus, ancienne fonctionnaire au ministère de la justice qui a décidé, un jour, d’aller vivre à Rivière au tonnerre, pour enfin « respirer dans sa vie ». Le repas partagé avec des jeunes françaises qui se baladent chez-nous. Savoureux de les entendre raconter le Québec, ses saveurs et ses lieux « culturels ». Une jeune allemande sympathique qui m'obstine que les mouches piquent. Oui, oui la mouche bête qui fait les poubelles. Elle doit parler des mouches noires.... mais je n'en ai pas vu ici, encore.
Je niche à flanc de falaise. Je pensais faire une courte transition, genre 2 jours dans une jolie auberge La Mer veilleuse.... mais qui se trouve juste à côté d'un bar où s'est écrit sur la porte : attention sortie de gars chauds. J'y arrivais en même temps qu'une bande de 6 jeunes français qui faisait déjà tout un boucan dans l'autobus... exit, je m'en vais dans le bois avec ma jolie tente, loin du raffut. Demain matin, je n'aurai qu'à gravir quelques mètres et du sommet j'apercevrai l'embouchure du fjord.
Le marathon d'écriture : ça commence officiellement mardi. Je prends le temps de me libérer l'esprit et de retrouver mes personnages et d’entendre leur histoire à nouveau comme si c’était la première fois que je l’entendais. Et prendre le temps de me laisser bercer par les esprits qui habitent les lieux.
Avant la nuit : écrire ma première carte postale. À Gaby. Parce que je sais qu'elle comprend ce qui m'habite. Parce qu'elle sait voir cet endroit les yeux fermés et parce qu'ensemble on a partagé les arcs-en-ciel dans le souffle des baleines.
With great respect! A.
Pensées, reflets d'âmes emprisonnées entre l'ici et l'au-delà, murmures captés dans les égrégores anciens et nouveaux. Mots. Je marche sur le mince fil entre l'ombre et la lumière. Lumière éblouissante dans vos ténèbres. Ombre dans le jour éclatant. Je suis celle qui écoute les murmures du vent et les voix qui hurlent dans la tempête. Celle, qui des larmes, fabrique des colliers de mots et les raconte. Je suis celle qui apprend et s'inspire des êtres dont elle croise la route.
1 commentaire:
Maman je t'aiiime !!!
Amuses-toi bien :D
Enregistrer un commentaire