vendredi 19 octobre 2007

Incursion dans un univers parallèle

Je reviens du cinoche. J'ai été voir Across the Universe. Comme je suis une accro de la musique des années 60 et 70 évidemment j'ai plongé dans le film comme si je le vivais à la seconde où je le voyait. La musique s'est incrustée sous ma peau dès le début. Je ne vous raconterai pas le film, ni son propos. Vous irez le voir. Ou pas.
Une émotion intense et inattendue. Let it be, des Beattles, chanté par un jeune noir a capella, repris en cœur par une chorale gospel, sur des images de manif contre la ségrégation raciale à Détroit. Les coups de feu dans la foule. Intenses et inattendues, les larmes et le feu sous ma peau dorée.
Je ne peux m'empêcher de frémir lorsque furtivement, au détour d'un film, d'un documentaire ou d'une discussion je pense à la chance que j'ai de vivre ici... libre. Je n'entrerai pas dans une discussion sur le racisme actuel. Je vous parle simplement d'une émotion, qui surgit, non pas parce que j'ai la peau noire, mais parce qu'elle est là tout simplement. La souffrance m'écorchant profondément.
Oui parce que j'ai la peau noire. Une incursion furtive dans un monde qui semble n'avoir pas existé. Comme une histoire inventée. Mais c'est une histoire bien réelle... qui vibre dans ma mémoire cellulaire.

jeudi 11 octobre 2007

Éteindre le soleil

À la demande générale, je vous présente une autre luciole. Je ne l'ai pas nommé encore parce qu'elle est l'ensemble de plusieurs jeunes filles et femmes qui ont vécu cette expérience. Voici quelques notes que j'ai retrouvé en faisant du classement. Avertissement aux âmes sensibles.

Je ne crois pas avoir eu mal. Un inconfort tout au plus. Je n’ai pas eu peur, malgré le bruit de l’appareil, un long tube aspirateur. Seulement la conscience soudaine que j’aimerais être ailleurs. Voguer dans le rayon de soleil qui filtre à travers les stores. Me blottir dans la chaleur de cette main dans la mienne. Me perdre dans le souvenir de mon grand-père heureux. Force tranquille.

Je suis seule dans la ville. Ville inconsciente de la vie qui est sortie de moi et qui baigne au fond d’un bocal clair. Trois centimètres d’amour… une perle, une larme jamais pleuré. Je marche dans le grand parc sous les arbres qui semblent se rapprocher de moi. Enveloppant, m’offrant leur inconditionnelle présence, me pardonnant le sacrifice que j’ai du faire. Sacrifier l’amour, par peur de la mort. Je n’arrive pas à pleurer. Je vais seule dans la ville, ultra consciente du temps qui s’écoule. Amère.

Le retour à la maison. Petite vie où tout le monde semble bien se foutre de ce qui peut m’arriver. Personne ne me demandera comment je vais. Comment ça c’est passé. Personne ne saura jamais que j’ai porté l’univers l’espace d’une inspiration et que dans un seul soupir libérateur je l’ai laissé aller.

Personne ne saura que j’ai laissé la vie au fond d’un bocal clair et que j’ai arraché un rayon au soleil pour enfin pleurer.

mardi 9 octobre 2007

Breakfast et chocolat!

Elles sont six assisent dans le salon. Une gang de poulettes de 11-12 ans. Pauvre nous parents qui devont années après années, nous renouveler et créer la fête des fêtes. À 12 ans, c'est un "paorti". Donc fini les jeux faciles, les sacs à surprise et les clowns. L'an dernier pour ses 11 ans, j'ai organisé un meurtre et mystère. Un hit! Et cette année, "celle qui complote pour grandir" avait l'air de dire que "il FAUT que ça soit le fun!" En fait, c'est peut-être juste dans ma tête, la pression, mais il fallait trouver une idée.

Finalement, je leur ai organisé un cocktail dinatoire.

- C'est quoi un dine à t'oir?
- Ça veut dire un dîne à soir.
- Ben non, c'est avec les napkins.

J'ai réussi à expliquer tant bien que mal. Regards sceptiques, mais quand même un peu d'ouverture. Je suis quand même la maman qui a organisé un muerte mysterio mémorable. Je garde quelques surprises en réserve, des fois que le film et le jeu tombe à plat, je me rattrapperai sur le dessert. En désespoir de cause, ma grande de 16 ans est une entertainer hors-pair. Et il y a toujours le grand gars qui vit dans mon sous-sol, parfois il apparaît, conte des jokes et retourne dans sa caverne. Je l'ai vu la tête dans le frigo vers 10h, donc il est là.

Me voici au moment fatidique : le film. Pour mettre les filles dans de bonnes dispositions et créer une impression, j'ai ouvert avec des smoothies servies dans des verres à cocktail avec du sucre autour. Chips et guacamole maison avec assiette de crudités (je sais, un peu trop santé, mais elles n'ont laissé que le brocoli).

Le film. Pour ne pas gérer des "Je l'ai vu!" et des "C'est plate ce film là!", j'ai choisi moi-même le film. Mauvaise idée me direz-vous? L'apprentissage de la démocratie ce fait à tout âge. Laissez-moi vous dire que pour une fête (oups un "paorti") la dictature est le meilleur moyen de s'assurer que tout se passe bien. (Ok j'arrête, je sens que je m'enfonce!).

J'ai donc loué Breakfast Club.

- C'est quoi ça breakfeeust club?
- Ah... ya des sous-titres.
- Hein? C'est un vieux film... c'est surement plate.
- Je comprends pas l'anglais!

Vite! Vite! Une diversion!

- Wow du pop corn!
- Yeah! Des nounours surettes.
- Ah! Check la réglisse!

Je me démène, l'air enrôlant.

- Faites-moi confiance. C'est vraiment bon! C'est un film d'ado. C'est l'histoire de cinq ados en retenue un samedi.
- Quoi? Y vont à l'école un samedi?
- Ça se peut pas.
- CHUT! ça commence...

Tout va bien, jusqu'à ce que... je trouve un bout vulgaire. Malaise. Je me souvenais pas que c'était si vulgaire. Surtout quand tu le lis. Les poulettes trouvent ça drôle. Un peu vieux jeu peut-être la petite mère? Enfin, j'assume mon choix et retourne à mes petits fours. Les éclats de rire qui viennent du salon me rassurent.

Le clou du spectacle, une fondue au chocolat servie dans la salle à dîner. Un ananas dans lequel j'ai piqué des morceaux de fruits tout autour. Des écorces de melon miel débordantes de rondelles de banane. (Je pense que le gars qui vit dans mon sous-sol a pris une photo.)

Mais le moment fort de la journée c'est cet éclat lumineux dans les yeux de mon ange. Il me suffit de lui dire que je l'aime pour qu'il brille encore plus intensément.

Douze ans, déjà!

Bon qu'est-ce que je pourrai bien inventer pour l'an prochain...

lundi 8 octobre 2007

Chasse à l'homme - 1ère partie

Son regard s’attarde sur les courbes des passantes. Des regards qu’il dissimule sous un air de fausse innocence. L’œil lubrique derrière des lunettes noires, il regarde les épaules. Fortes. Rondes. Tombantes. Crispées. Détendues. Nues. Surtout les épaules dénudées. Striées d’un mince cordon qu’il ferait glisser avec ses dents.

Il aime les peaux bronzées, foncées, au goût de soleil. Souvenirs d’un voyage dans les pays chauds. Épaules tropicales. S’il en a l’occasion, il porte un regard sur la nuque, qu’il fait glisser le long du dos. Aucune ne se doute de l’examen furtif, du jugement hâtif. Mais il ne pense à rien, ne juge de rien. Il apprécie. Il goûte d’un œil connaisseur les multiples courbes qui s’offrent à ses yeux. Certaines ont des bras sublimes. Une caresse du revers de la main prouverait leur douceur. Une peau douce comme le satin, qui s’allonge sans fin. Une caresse infinie, d’une langueur infinie qui arracheraient des frissons et des vagues de passion. Des doigts qui s’agripperaient pour retenir le contact de cette main encore une autre seconde et une autre encore.

Il n’aime pas les bijoux. Artifices inutiles qui voilent la véritable beauté du corps. Qu’est-ce qu’un long cou attirant enchaîné d’or? Son regard se détourne. Durant de longues minutes, il s’évade dans le souvenir de la première femme qu’il ait aimé. Aimé? Il était encore jeune à l’époque, impatient d’apprendre, de connaître, de laisser ses sens apprivoiser les délices féminins. Enfin mettre les mains sur de fines épaules, les masser. Sentir sous ses doigts les muscles s’abandonner à son contact. Longuement, il l’avait regardé, nue et offerte. Mal-à-l’aise devant son regard inquisiteur, elle avait pris les devants. Décevant. Elle avait commencé à le caresser. Il aurait préféré attendre. Regarder. Toucher. Sentir et goûter. Il aurait préféré prendre le temps d’éveiller son plaisir. Mécaniquement, elle avait précipité les gestes. Il était resté sur sa faim. Elle n’avait jamais eu la chance de comprendre comment elle n’avait pu le combler.

Un éclat orangé lui fait soudain lever la tête. Quelle splendeur! Habillée d’une sublime robe couleur de feu, diaphane, sans fards, ni bijoux, une princesse africaine s’expose à son regard. Elle attend, impatiente, un rendez-vous qui n’arrive pas. Hautaine et grave, elle rayonne d’un éclat mystérieux. Aucune bretelle! La nuque dégagée par une coiffure relevée sur la tête, les épaules dévoilent une peau terre brûlée qui lui coupe le souffle. Tranquillement comme un prédateur, il détaille, découpe chaque parcelle de peau qu’il aperçoit. La chute de reins le ravi et il regarde sans plus aucune réserve, descendant son regard le long des longues jambes fines. Souriant devant le petit pied en sandale qui tapote le sol furieusement. Il n’ose regarder les bras. Des bras qu’il rêverait d’avoir autour de sa taille, autour de son cou, pour sentir leur douceur velouté. Il aimerait voir le contraste de ses mains sur sa peau de café. De l’épaule, son œil descend le long du bras vers les doigts qu’il espère longs et raffinés. Corrompant les doigts les plus célestes qu’il ait vu depuis une heure, une cigarette.

Déçu son regard se détourne et s’éveille devant un décolleté plongeant sur de petits seins ronds pointant à travers une magnifique broderie blanche. D’une indécence qui le fait sourire, il lève ses lunettes et plonge dans les yeux bruns de la demoiselle. Surprise, elle esquive son regard.

À suivre... 2ème partie

mercredi 3 octobre 2007

Disgression

Ah ah! Je suis allée faire un brin de causette avec le vent de l'automne et les quelques rayons de soleil qui trainent encore dehors à cette époque de l'année. Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas faire ce que je dis. Le résumé de mon super roman est presque terminé. Bon il n'est pas terminé. Je suis perfectionniste. Non pas que je commence à m'en rendre compte, mais ce que j'écris a souvent un petit goût d'imperfection dans l'arrière-plan. Je ne voudrais pas offenser mes lecteurs en leur servant un plat qui manquerait de cuisson.
Bon comme c'est mon blog, je me permet de faire une disgression. J'écris à temps perdu des poèmes et dans les derniers mois, j'en ai écrit plusieurs en anglais. En voici un. Peu importe comment je le regarde, je n'arrive pas à le traduire, il perd de sa saveur.
Pour ceux qui se demande pourquoi diable j'écrirais en anglais? Disons que c'est un autre côté de moi qui se manifeste. Un côté plus sombre, parfois sanglant, morbide et cynique, avec lequel je me réconcilie et qui commence à transparaître, même en français. Tranquillement je vous amènerai à cet aspect de mon monde intérieur qui est diamétralement opposé à l'image que je projète en général.


Once in my garden

I whisper your name in cold fog
Once there was warmth in it
Once there was meaning in it

Soul wandering in desert lands
Planting seeds
Seeking ardent embrace
From hands growing in frozen soil
Fingers cut in icy wind
Spinning in the winter breeze
Tears flooding in a vain attempt
To wake lust in them again

I carve your name in my dead flesh
Once blood flown in it
Once a heart beat in it

Naked I stand above crowd rumours
Exposed to lies, wounds and cuts
Bushes of thorns growing on my path
Poisoning my heart with sharp words
In the desert land of my soul
You died on a sunny day
I now walk the arctic night
Blind

I whisper your name one last time
Once there was light in it
Once there was life in it

I erase your name in spring season
As new hands grow in my garden
Unknown sensations on glowing skin
Awaking
Legs and arms whispering new names
On fresh earth growing fame
Memories fading at sunrise

To let you die once again