dimanche 31 juillet 2011

Le principe d'inertie

Chaque journée est unique. Aujourd'hui je me suis retrouvée nez à nez avec l'inertie. Je me suis levée lentement ce matin. (Avoir eu un cadran j'aurais fait snooze au moins 6 fois!) J'ai mangé lentement et je suis retournée me coucher. J'ai lu lentement. Vers 13h, je me suis finalement levée lentement et je suis allée m'installer pour écrire lentement.

Le principe d'inertie (attribué à Newton) se retrouve aussi dans les travaux d'Aristote, pour qui l'état naturel des corps est l'immobilité. Il attribue le mouvement d'un objet à une force qui s'exerce sur celui-ci. Selon cette idée, pour garder un objet en mouvement, il faut qu'une force lui soit continuellement appliquée.

Je n'ai aucune idée comment je suis arrivée à écrire aujourd'hui. Il n'y a personne ici pour me motiver. Ah oui, à part Le Curieux qui m'aborde maintenant avec un certain respect et même de la douceur : « Et puis l'écriture aujourd'hui? » Un peu lent aujourd’hui. « C'est pas grave lâche pas! » Il y a des êtres que l’on croise sur sa route qui sont comme une force pour pouvoir se garder en mouvement. Merci Le Curieux!

Le compliment : J'ai discuté avec un artiste peintre aujourd'hui. Nous avons parlé du lever du soleil. Je suis plutôt coucher de soleil, mais ici le soleil se couche dans les montagnes et le soleil se lève sur le fleuve autour de 4h30-5h. Ça devrait m'intéresser. Il m'a parlé de l'inspiration. En partant il m'a dit: « Tu es belle! Belle dans ton âme et dans ton cœur." » Il y a des compliments qui font du bien à entendre... comme une force pour se garder en mouvement.

Paulo Coelho : L'auteur du fabuleux livre "L'alchimiste". Sa page FB nous dirige parfois vers son blogue. Aujourd'hui : Manual for climbing mountains Il y a des choses que ça fait du bien de lire. Comme une force pour se garder en mouvement.

Pour toi : Oui toi. Je serais allée marcher sur le bord de l'eau en tenant ta main aujourd'hui. J’aurais trouvé quelques blagues pour t'entendre rire. Et en silence, je t'aurais regardé écouter. Il y a dans toi un profond éclat de lumière qui jaillit quand tu écoutes. Ton être entier se met au diapason de ce qui t'entoure. Je suis certaine que tu pourrais entendre les secrets du vent... Et ta main dans la mienne... comme une force pour se garder en mouvement.

Écriture : 3253 mots. 6ème journée d'écriture en ligne. 22032 mots pour la semaine. Ce soir je me couche tôt. Je laisse libre cours à mon état naturel d’immobilité. Je n'ai plus de force... pour me garder en mouvement.

Je pense à vous.
With great respect and love!
A.

samedi 30 juillet 2011

La fièvre

Ça a commencé ce matin, dès le réveil, comme un feu qui viendrait de l'intérieur. Je ne me sentais pas mal. Juste la peau très chaude... encore ce fameux coup de soleil que j'ai supposé. Tout ce que je faisais prenait du temps. M'habiller, manger, marcher. Trop de temps. J'avais hâte d'aller m'asseoir pour écrire. Tellement hâte que j'en étais fiévreuse.

J'ai hâte de finir. Durant la nuit, j'ai eu une autre idée. C'est drôle parce que je me disais hier qu'après avoir terminé ce livre-ci, je ne sais pas si je trouverai d'autres idées de livre ou de personnages. Parce qu'il me semble que j'essore la moindre cellule de créativité dans celui-ci. Je me sens vide à la fin de chaque journée. Et quand je m'installe le matin, j'ai un court passage à vide où je dois m'abandonner pour que la magie opère. Mais il n'y a pas de truc pour s'abandonner plus facilement. Il faut juste décrocher et ne pas avoir d'attentes... et ce n'est pas encore clair pour moi ce qui fait que je décroche.

Mais ce matin, c'était la fièvre dans tous les sens. J'ai pris ma température dans le milieu de l'après-midi : 38,8 degrés de vraie fièvre. Celle qui nous anime lorsqu’on plonge dans son rêve. Je suis plongée dans mon rêve.

Le curieux : depuis quelques jours, il y a un monsieur qui m'observe à chaque fois qu'il me croise dans le village. Je peux l'entendre réfléchir : « Mais qu'est-ce qu'elle peut bien faire toute la journée devant son ordi? » Après 2 jours, il m'a dit bonjour. Le lendemain, il m'apostrophait comme si on s'était toujours connu : « Hey! Venez-vous vous baigner? » Au moins il me vouvoie. Aujourd'hui, il a pris son courage à deux mains et m'a carrément demandé ce que je faisais au lieu d'aller me balader dans la nature. Je lui ai simplement dit que j'écrivais. Sans plus. Je n'ai pas dit ce que j'écrivais, ni pourquoi, ni comment. Les gens se font leur propre idée. Maintenant quand je le croise il me crie : « Hey l'écrivaine! Bonjour! » Bonjour.

Le Café Bohème : il faudra que je les remercie de me laisser traîner de longues heures dans le café. Quand je suis arrivée aujourd’hui, les grands sourires. « Allo! Comment vas-tu? » « Tiens, installes-toi où tu veux, tu es rendue une VIP. » Je n’ai pas compris le rapport, sauf que j’étais bien heureuse de pouvoir m’asseoir où je voulais. Il y a des endroits où ça écrit mieux. Surtout quand on fait de la fièvre…

Les enfants : Je crois que les enfants aiment ça ici. Je les ai observés durant mes balades. Ils ont les yeux pleins de soleil, la peau rougie, et le corps fatigué. Je les écoute raconter ce que les baleines pensent. Parce qu'elles pensent très forts les baleines. « Les baleines, papa, elles n'aiment pas les déchets. Papa, il faut les mettre dans la poubelle! » Moi aussi je crois qu'elles pensent les baleines. Elles pensent qu'on n'a pas entendu le message, alors elles reviennent inlassablement pour nous le redire avec une profonde compassion. Elles pensent aussi que si on ne les fait pas disparaître avant, elles seront là encore, longtemps après que nous ayons disparu. Pour savoir c'est quoi le message, il faut écouter... les enfants.

Une rencontre : Deux jeunes belges très sympathiques. Discussions sur le journalisme et le traitement de l'information. L'indignation collective étalée dans les journaux. Les expressions québécoises qui les ont fait rire.

L'écriture : 4588 mots. Il y a des personnages que j'aime plus que d'autres. Enfin, ce n'est pas vrai. Je les aime tous différemment, mais il y en a avec qui c'est plus facile de travailler, parce qu'ils sont généreux naturellement. Ils se dévoilent plus facilement. Il y en a d'autres pour qui il faut creuser un peu pour trouver l'or. Aujourd'hui c'était la fontaine d'or. Le remède idéal pour apaiser la fièvre. Ce soir je vais bien, ma température est normale.

With great respect and love!
A.

vendredi 29 juillet 2011

Le tour du lac

J'ai entendu parler d'un lac, dans lequel on peut se baigner. C'est le genre d'information qu'il est assez plaisant d'avoir. Et comme je grappille mes informations d'une manière tout à fait désintéressée, en écoutant les conversations autour de moi, j'apprends plein de choses. Comme le fait que les baleines bleues sont enfin arrivées. Elles sont en retard cette année...

Donc, il y a un lac pour se baigner. Ça veut dire que l'eau est chaude. C'est ça qui est intéressant. Parce que le fleuve c'est absolument magnifique mais c’est glacial et quand il fait 30C et que tu veux juste mourir de chaleur, tu te souviens que c’est froid et ça freine un peu les ardeurs.

J'ai compris en écoutant que c'était de l'autre côté de la route. Je me suis dit qu'en fin d'après-midi avant de souper, j'allais aller jeter un coup d'œil pour une baignade future. Explorer le coin et ensuite y aller, l'air de savoir c'est où!

J'ai trouvé le lac très facilement. Il est littéralement de l'autre côté de la route, caché par une seule rangée d'arbres. Il est entouré de montagne et la vue est absolument époustouflante. Alors au lieu de m'en retourner, pourquoi ne pas faire une petite balade? J'ai trouvé un sentier que j'ai suivi pendant une bonne demi-heure, ou environ... avant de tomber sur un petit groupe qui faisait une "excursion au castor". Coco, le gentil guide (un monsieur du coin, passionné de nature) m'invite à les suivre étant donné que je suis le sentier de toute façon. Nous avons fait le tour du lac.

C'est absolument impressionnant un barrage de castor. Et un territoire de castor c'est immense. Il y a une seule famille pour tout le lac et ils ont 7 à 9 "spots" où ils nichent. J'ai vu une maman et un petit castor. Tellement cute!! (Oui je me souviens que j'en ai mangé dimanche dernier... je les ai remercié pour le sacrifice...)

Écriture : 3674 mots aujourd'hui. Mon rythme est fluctuant. J'étais émue beaucoup aujourd'hui. Avis aux futurs lecteurs, on pleure vers la fin...

Une rencontre : un jeune français qui est venu faire un stage d'externe en médecine à l'hôpital St-Luc. Une discussion intéressante sur le système de santé français et celui d'ici. Son copain ingénieur lui était très intéressé par notre système politique et la participation citoyenne. Je me disais que je pourrais l'engager pour une conférence sur l'importance de s'engager, il était vraiment bon. Si je n’avais pas été convaincue déjà, il me convainquait.

Il y a des éclairs ce soir dans le ciel. Elles déchirent le ciel et se reflètent dans le fleuve. C'est assez unique comme spectacle. C'est émouvant…

With great respect and love!
ML

jeudi 28 juillet 2011

Le rendez-vous

C'est un de ces rendez-vous où vous ne savez pas que vous êtes attendus, tant que vous n'êtes pas rendu. Comme à tous les matins au réveil, j'écoute. Dans le souffle du vent, on peut y entendre le moment et le lieu du rendez-vous. Je vous ai dit qu'ici, il ne faut pas venir « voir ». Écouter et se laisser porter. Abandonner toute attente.

La raison me disait : "Il est tôt! Va écrire!" Mais le vent me disait : « Allez, un petite marche sur le bord de l'eau avant d'écrire. »

Les montagnes disparaissaient dans la brume donnant au village un air de film, genre Sleepy Hollow. Le fond de l'air était frais. La température a du tomber à pas loin de 10C dans la nuit. Je me suis mise en route vers le bord de l'eau. La brume s'est levée peu de temps après et le soleil a jaillit de toute sa splendeur, s’infiltrant dans les moindres recoins, faisant disparaître toute l’humidité accumulée. Il a plu dans les deux derniers jours.

Je me suis laissée porter jusqu'à une pointe de roche, directement à l'entrée de l'embouchure du fjord. Il y avait les innombrables passants qui viennent « voir » 10 minutes et repartent. Et il y a ceux, comme moi, qui n'attendent rien, les yeux plongés dans la beauté du lieu et s'émerveillent des vagues fortes, se fracassant sur les rochers, laissées dans le sillon des bateaux.

Emmitouflée dans ma petite laine, je me suis gavée de soleil. (Tellement que ce soir, j'ai les joues « chaudes »). C'est à ce moment là que mon rendez-vous est arrivé. Un petit rorqual commun, enveloppé de douceur, est venu manger juste devant la pointe. Il a du rester pas loin d'une heure, à plonger et remonter à la surface, 3-4 fois pour le plus grand plaisir de tous.

Il y a des rendez-vous où il faut se pointer.

Une rencontre : un couple de Cap-Rouge. Madame travaille en francisation. Elle m'a parlé avec beaucoup d'affection de ses adolescents népalais, arrivés d'un camp de réfugiés et installés à Québec. Une invitation à souper et à me balader sur le bord du fleuve à Cap-Rouge, si je passe dans le coin.

Écriture : 1421 mots. Un compte moins élevés aujourd'hui. J'ai retravaillé des sections précédentes pour assurer la cohérence de l’histoire. La mort « annoncée » d'un des personnages bouscule tous les autres.

Il est tard, je vais aller soigner mon « coup de soleil ». Je ne me souviens pas qui a osé me dire, la semaine dernière, que parce que j'avais « déjà un fond », je ne pognais pas de coup de soleil... Je réfute monsieur le juge!!!!

With great respect and love!
A.

mercredi 27 juillet 2011

On laisse toujours des traces derrière soi

J'ai marché ce soir sur le bord de l'eau. Il arrive à un certain moment de la soirée, que la mer et le ciel se confondent en une seule couleur. Ça ne dure pas très longtemps, car très vite, à la noirceur, on aperçoit soudain les lumières de l'autre côté, sur la côte sud. Mais pendant un instant, l'illusion est parfaite. On est absorbé tout entier par l'univers. Peu importe où le regard se pose, il n'y a ni début, ni fin. Il n'y a plus de séparation. Il n'y a plus que soi.

Les traces 1 : je suivais sur le sable des traces de pas. Souliers, sandales, orteils. Ensuite des traces de chiens. Gros, minis. Il y avait aussi des traces d'oiseaux.

La bouette : en grandissant, on ne devrait pas arrêter de jouer dans la bouette et faire comme si on faisait de la cuisine comme nos mères. Les nombreux festins auxquels les oiseaux étaient conviés n'avaient de limite que celle de mon imagination d'enfant. Je trouve magique ce contact avec la matière. J'ai fait des galettes de glaise, il y a deux jours, et me suis rappelée ces innombrables étés sur le bord d'un lac où j'ai joué, beaucoup, beaucoup, à faire comme si.

Écriture : 4092 mots. J'ai écris pratiquement sans arrêt pendant 4 heures, en matinée. À un certain point j'ai du juste arrêter et faire autre chose. J'ai un personnage sur le point de mourir. Même si je me doutais que ça allait arriver, je ne peux pas m'y résoudre. Et même si j'ai essayé de bifurquer, à chaque détour, il se tenait là devant moi, me faisant signe de la tête : « Eh oui, tu n'as pas le choix... Je pensais que c'était moi qui tenais le crayon? Oui je tiens le crayon, mais ce sont les personnages qui mènent le jeu. J'ai eu de nombreuses surprises au fil de l'écriture et je suis en train de me dire que même si je connais la fin... je ne la connais pas vraiment.

L'urgence : Demain, je passe le cap des 300 pages. Quand je regarde ce qu'il y a derrière nous (les personnages et moi...) il y a un doute. C'est moi qui ai écris tout ça? Aujourd'hui, j'avais un sentiment d'urgence. Je n'arriverai pas à finir en 10 jours. Au rythme où je vais c'est pratiquement 150 quelques pages que je vais écrire, c'est suffisant pour arriver au terme de l'histoire et même plus que suffisant. Les personnages sont exigeants et se bousculent, il me faudrait 3 têtes et 8 mains pour tout écrire en même temps.

Les traces 2: Les traces d'oiseaux serpentaient en tourbillons désordonnés, disparaissant et réapparaissant un peu plus loin. Au bout d'une de ces traces, il y avait d'écrit dans le sable : « Ici, nous nous sommes mariés. » Je me suis soudain rappelé, qu'à cet endroit, moi aussi j'ai aimé... On laisse toujours des traces, partout où l'on passe.

With great respect and love! A.

mardi 26 juillet 2011

Shatshitun

Ça veut dire AMOUR en innu.

Ce fut facile. Tellement facile de venir s'asseoir près d'elle et de jaser comme on jase avec une vieille amie. Françoise. Pinashuiss, de son nom d'artiste. La sœur du défunt dont je vous parlais il y a deux jours.

Nous avons parlé de son frère, du grand artiste qu’il était et dont l’esprit vivra éternellement dans ses toiles, qui se retrouvent aux quatre coins du monde. C’était un artiste reconnu, très aimé des européennes, me dit-elle avec un petit sourire en coin. Les larmes aux coins des yeux elle m’a aussi raconté le sentiment d’humiliation lorsqu’elle a reçu cette lettre anonyme du gouvernement canadien, lui présentant des excuses pour l’avoir enlevé à sa famille et envoyé dans un pensionnat où elle a été abusée et violentée. Elle m’a raconté la souffrance que son frère ressentait face à la vie quotidienne de son peuple. Elle m’a raconté l’histoire de ses enfants et ses petits enfants et avec douceur elle m’a parlé de son mari avec qui elle vit depuis 34 ans. Et de leur voyage anniversaire en amoureux cet automne.

Nous avons ensemble écouté de la musique montagnaise. Elle m’a traduit les mots. Nous avons partagé des photos de nos enfants. Elle m’a présenté à sa sœur joyeuse qui venait à toutes les 5 minutes s’incruster dans la conversation, ajouter son grain de sel et repartir en chantant. Elle m’a fait piger une carte des anges. Le message d’aujourd’hui : Tu es Amour.

La perdrix : quand je lui ai parlé de la tête de perdrix dans mon assiette, elle a souri. C’est heureux. « Tu es bénie d’un cœur d’enfant! » C’est où que je clique «j'aime! »?

Nous avons parlé du gouvernement, de la terre, de l’espoir qu’ils essaient de faire vivre dans leurs communautés. De la neuvaine à Ste-Anne dans le bout de Québec, où elle partait justement pour festoyer avec les siens et la foi qui les anime.

En partant elle m’a pris dans ses bras. « Si tu viens dans mon coin, passe par chez nous, tu seras toujours la bienvenue, nuitsheuakan (mon ami.)»

C’est drôle mais Sept-Îles me semble un beau coin à visiter tout d’un coup.

L’écriture : 5004 mots aujourd’hui. En m’assoyant devant l’ordinateur après mes quelques heures avec Françoise, j’ai trouvé cela facile. Je n’avais qu’à m’asseoir et entrer en conversation avec mes personnages, tout simplement, avec shatshitun.

With great respect and love!
A.

lundi 25 juillet 2011

La chasse aux roches

Ce matin je me suis levée tard! Réveillée à l'aube je me suis dit "What the hell!!" et j'ai refermé les yeux. J'ai écouté les oiseaux tout près et une sauterelle, ou quelque chose du genre(pas mon fort les insectes), enfin une bestiole qui faisait du bruit en sautant. Je vous épargne les détail mais la fascination que j'ai éprouvé a l'écouter était indescriptible.

Aujourd'hui, direction la berge du fleuve pour une longue marche. Avec les années je sais qu'aussitôt que je marche sur le bord de l'eau je regarde par terre pour trouver THE ROCHE! Ça se vit un peu comme suit : la première demi-heure ou heure parfois, chaque roche illumine de beauté. Ah! Celle-là!! Et celle-ci! Et l'autre là-bas! Ah et celle-là aussi! Un moment d'extase qui ne semble jamais vouloir prendre fin.

Mais aujourd'hui, aucun sentiment d’urgence. Il y a des milliards de roches par kilomètre. J'en ai vu une, je l'ai prise dans ma main et j'ai marché avec. Quand j'en ai vu une autre, j'ai mis la première dans ma poche et j'ai marché avec l'autre dans ma main.

Le bonheur quand je suis tombée sur une veine de quartz! Pas moyen d'en arracher un morceau. En regardant autour, rien non plus. Pas un seul petit morceau. C'est à ce moment que je me suis dit, qu'un petit marteau et un pic auraient été parfait. Mais qui traîne ça dans son sac? La journée était dédiée à lâcher prise et à m'abandonner, à suivre le courant sans rien forcer. Je me suis donc couchée sur le dos le long de la veine et je me suis laissée baigner par la douce énergie du quartz. En me relevant, j'ai mis la main sur une roche... un morceau de quartz!

Aujourd'hui le jeu a été de me libérer de mes attentes. Devant le fleuve j'ai laissé aller la peur de ne pas être à la hauteur. Un sentiment bien déplaisant qui surgit toujours quand ce n’est vraiment pas le moment. Bon, à la hauteur de quoi? C'est une excellente question. Mais c'est aussi clair que ce n'est pas vraiment important de savoir la réponse. Elle sera différente pour chacun d'entre-nous de toute façon. Aujourd'hui j'ai simplement choisi d'être moi. J'aurai peut-être à me rechoisir demain encore, mais aujourd'hui je suis tombée en amour avec moi et tout ce qui vient avec. Alors à la hauteur de quoi ça ne semble plus avoir de sens vue de cette perspective.

Les rencontres : aujourd'hui il y a eu la rencontre de ce magnifique goéland, immobile sur son rocher, digne et totalement à la hauteur de lui-même! Les canards. Je n'avais jamais entendu le bruit des ailes de canard sur l'eau. C'est comme une salve d'applaudissements! L'eau froide du fleuve. Oui je me suis pitchée dedans, juste pour voir si elle était aussi froide que dans mon souvenir. OUI!

L'écriture : c'est demain que ça commence. J'ai trouvé le lieu. Le Café La Bohème. L'ambiance est idéale. Aujourd'hui un peu d'écriture dans le magnifique cahier en cuir italien (ça écrit toujours mieux!!!). Une réflexion sur la compassion. Je vous en reparlerai.

Un coup de cœur : un collier avec une dent de loup. J'aime les loups.

With great respect and love!
A.

dimanche 24 juillet 2011

Les premières heures...

Ce sont les premières heures dans cet endroit qui a ravi mon cœur il y a déjà plus de 10 ans. Un endroit où j'ai marché sur les étoiles et vu des arcs-en-ciel dans le souffle des baleines. Un endroit où le fleuve et ses habitants se régénèrent, s'abreuvent, se nourrissent. Un endroit où je touche mon âme. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi ce lieu pour mon marathon d'écriture; le sprint final vers le mot de la fin de ce roman qui m'habite depuis trop longtemps et qui ne demande qu'à vivre en dehors de moi, avec vous.

Déjà après 3h30 de route, je pouvais apercevoir les forts rayons du soleil sur le fleuve, un ballet de feu et d'eau, sans musique, mais qui créait sa propre musique de vent et de vagues. Entre les arbres, entre les montagnes, du haut d'une falaise, chaque perspective est unique. Et ne sera pas la même lorsque je repasserai par le même chemin, toujours avide de retenir en moi toutes les images possibles de cet endroit.

Les premières heures... retrouver mes repères. Tout est exactement comme dans mon souvenir. Trop de gens qui viennent « voir ». Mais ici il faut écouter et dans le murmure du vent, on peut entendre où aller pour trouver les trésors cachés. Garder les yeux fermés et se laisser porter et enfin lorsqu'on arrête, ouvrir les yeux et se laisser remplir de splendeur.

Ce soir c'était fiesta autochtone. Une magnifique famille Innu est venue passer le week-end et a cuisiné en l'honneur d'un des leurs qui s'est suicidé il y a peu de temps. Oui c'est épouvantable, oui il y en a trop... mais la dignité de cette famille est troublante. Le partage de leur musique, de leur nourriture et simplement sans mot, comprendre. Ne pas juger, accepter et s'ouvrir pour que ça n'arrive plus.

Au menu :
- Caribou : pas vraiment ma viande préférée
- Castor : ça j'ai bien aimé
- Perdrix : servie dans un ragoût de haricot blanc. J'ai pogné la tête avec le bec et tout. Un des cuistots m'a dit que c'était de bonne augure. Augure de quoi je ne sais pas, mais j'aime bien la bonne augure surtout prédite par des autochtones.
- Phoque : servi dans une sauce qui selon moi goûtait le vin rouge. Très bon.
- Saumon fumé : en fait c'est saumon cuit à la fumée... pas le saumon des bagels. Très bien aussi.
- Outarde grillée : j'adore!!!
- Avec un pain cuit au feu de bois qui avait franchement un petit goût de revenez-y encore et encore.

Les rencontres : oui car il y a des rencontres ici. Une passagère dans l’autobus, ancienne fonctionnaire au ministère de la justice qui a décidé, un jour, d’aller vivre à Rivière au tonnerre, pour enfin « respirer dans sa vie ». Le repas partagé avec des jeunes françaises qui se baladent chez-nous. Savoureux de les entendre raconter le Québec, ses saveurs et ses lieux « culturels ». Une jeune allemande sympathique qui m'obstine que les mouches piquent. Oui, oui la mouche bête qui fait les poubelles. Elle doit parler des mouches noires.... mais je n'en ai pas vu ici, encore.

Je niche à flanc de falaise. Je pensais faire une courte transition, genre 2 jours dans une jolie auberge La Mer veilleuse.... mais qui se trouve juste à côté d'un bar où s'est écrit sur la porte : attention sortie de gars chauds. J'y arrivais en même temps qu'une bande de 6 jeunes français qui faisait déjà tout un boucan dans l'autobus... exit, je m'en vais dans le bois avec ma jolie tente, loin du raffut. Demain matin, je n'aurai qu'à gravir quelques mètres et du sommet j'apercevrai l'embouchure du fjord.

Le marathon d'écriture : ça commence officiellement mardi. Je prends le temps de me libérer l'esprit et de retrouver mes personnages et d’entendre leur histoire à nouveau comme si c’était la première fois que je l’entendais. Et prendre le temps de me laisser bercer par les esprits qui habitent les lieux.

Avant la nuit : écrire ma première carte postale. À Gaby. Parce que je sais qu'elle comprend ce qui m'habite. Parce qu'elle sait voir cet endroit les yeux fermés et parce qu'ensemble on a partagé les arcs-en-ciel dans le souffle des baleines.

With great respect! A.