jeudi 17 avril 2014

O - Ophélie la fée sans ailes

Je n'ai jamais vraiment pensé écrire pour les enfants. Mais j'ai commencé, il y a quelques années, cette petite histoire qui résonnait très bien pour un public plus jeune. Finalement, il y a des passages plus noirs que prévu, donc au lieu d'un conte de fée pour les 6-8 ans,ça s'adresse plus aux 10-12 ans.

La jeune Ophélie est une petite fée bien têtue, qui par maladresse constante et répétée n'arrive pas à prouver à son clan qu'elle peut-être digne de porter ses ailes. Sa Mère-fée lui offre donc une dernière chance sous la forme d'une mission, quasi-impossible : aider le jeune Raphin, un guerrier agile sans bannière, à terrasser un dragon. Si elle ne réussit pas, elle sera à jamais bannie de sa communauté.

Au fur et à mesure qu'ils avancent dans leur voyage vers la grotte du dragon, Ophélie découvre le terrible secret derrière la naissance de son compagnon et elle devra le protéger d'ennemis puissants.

En gros c'est ça l'histoire. Une fois de temps en temps je rend visite à Ophélie et je lui ajoute quelques pages. C'est une histoire qui mijote dans l'arrière plan et qui peut-être verra le jour. Je ne sais pas...

Extrait - Ophélie

Étirant son oreille vers le Nord, Raphin ne perçut que le souffle glacial du blizzard des sommets enneigés. Attentif au moindre bruit l’entourant, il entendit, venant du sol, une petite voix claire qui lui criait de l’écouter. Raphin s’agenouilla et tendit la main. Une petite fée s’accrocha à ses doigts pour ne pas tomber, alors qu’il se relevait.

- Ne crains-tu pas le souffle putride du dragon ?
- Non chère amie, ne connais-tu pas le nombre d’ennemis plus terribles les uns que les autres que j’ai anéanti à travers les années ?
- Oh que si, grand seigneur. Mais le temps ne vous a-t-il point donné la ruse et la patience ? Car ce dragon ne se combat pas avec la force et les armes des hommes.
- Ah ! Que dis-tu petite peste ? Ne suis-je pas le plus fort ? Et que peut un dragon puant face aux plus grands des chevaliers et ses nombreux exploits ?

La petite fée, outrée de tant d’orgueil sauta d’un pas leste sur la manche du jeune guerrier et redescendit avec agilité vers le sol. Encore toute jeune, elle n’avait pas de jolies ailes diaphanes pour voler.

- N’écoute pas, « noble » seigneur, mais lorsque tu seras entre les dents de la bête à mendier pour ta vie, je ne viendrai pas à ton secours.
- Et quel secours pourrais-tu m’apporter ? Tu es si minuscule. Et sans ailes tu n’as sûrement aucun pouvoir magique.

Raphin eu un sourire narquois et se remit à réfléchir au chemin à prendre. 

- Mais le courage ne se mesure pas à la longueur de l’épée, lança-t-elle en disparaissant sous les fleurs sauvages. 

Perplexe, Raphin haussa les épaules et poursuivit sa quête. Si la mer n’est pas au nord, ni à l’est, elle est donc à l’ouest, puisque j’arrive du sud, pensa-il.

Il vérifia sa besace magique, cadeau d’un vieux druide à qui il avait rendu un fier service. Aussitôt vide elle se remplissait de victuailles. Tout comme sa gourde qui jamais ne se vidait d’eau fraîche. Il partit donc d’un bon pas, toujours vers l’ouest alors que le soleil atteignait son zénith. Derrière lui à bonne distance, la petite fée le suivit. Raphin marcha ainsi plusieurs jours sans rencontrer âme qui vive. Les trolls se cachaient à son passage, terrorisés. Plus d’un avaient déjà encourut ses foudres. Le bruit de sa cotte de mailles faisait fuir les petits animaux. Même les mouches craignaient son courroux.

Raphin se sentait bien seul. Il n’avait pas d’amis. Même son cheval l’avait quitté. Son tempérament le poussait chercher querelle à quiconque croisait sa route. Il était fier et orgueilleux. Après coup, il se dit que la petite fée aurait pu le renseigner sur la route à suivre et être de bonne compagnie peut-être. Mais il avait fait l’arrogant et elle était partie. Il était fatigué de courir après des chimères. Plus personne ne voulait l’affronter. Depuis dix ans maintenant qu’il parcourrait les routes de long en large, affrontant de piètres ennemis tel que les trolls. Le dragon bleu était enfin un adversaire à sa hauteur. Et voilà qu’il ruminait sa solitude. Il se devait de bomber le torse et chanter, heureux enfin d’aller guerroyer pour le salut des petites gens.

- Ça suffit! Je suis Raphin, le valeureux paladin et je terrasserai ce dragon !

Sa voix résonna dans le silence de la nuit. Les grillons se turent. Le vent se fit plus doux, les arbres devinrent immobiles. Et dans le profond silence, un rire strident éclata rappelant le chant d’une vieille crécelle rouillée.

- Qui est là ? hurla Raphin en dégainant son épée.
- Parce que tu crois que ta grosse épée me fait peur ? Fais attention qu’elle ne te tombe sur l’orteil.
- Montre-toi !

Raphin virait de tous les côtés, cherchant à deviner d’où venait la voix, qui semblait venir de partout.

- Que peut faire ton épée contre un ennemi que tu ne peux pas voir ?


Raphin qui pourtant n’avait peur de rien ressentit un pincement au creux du ventre en entendant ces mots. Il respira un grand coup et se remit en position de combat. 

- Montre-toi vermine, ta couardise te rend indigne ! Tu n’es pas mieux que ces trolls malodorants. Affronte-moi sans ruse.
- Chaque être possède ses forces et ses faiblesses. Dans le combat on utilise ses forces pour combler nos faiblesses. Il n’y a pas que des ennemis qui t’affronteront de front. Mais aussi d’autres qui t’attaqueront par derrière.
- Ce seront des traîtres. Le code des chevaliers veut que l’on s’annonce avant d’attaquer.
- Nous ne sommes pas tous des chevaliers.

Raphin baissa son arme. La voix venue de nulle part avait raison. Ils n’avaient pas toujours affronté des chevaliers. Certains de ses ennemis lui avaient tendus des pièges. Il s’en était toujours bien sortit. Mais il n’avait pas le goût d’argumenter, il était fatigué. 

- Que valent les paroles d’un peureux qui se cache derrière les arbres ?, dit-il avec lassitude.

Juste derrière lui caché dans une fleur, la jeune fée le regardait avec douceur. Sautant sur une branche, elle se retrouva à la hauteur du regard de Raphin. Poussant un soupir agacé, il sourit tout de même en son for intérieur.



Avec respect!
ML






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