mercredi 12 septembre 2007

Anastasia

À temps perdu j'écris quelques idées pour le recueil de nouvelles : Comme des lucioles dans le vent. Je vous présente aujourd'hui Anastasia, qui est venue hanter mes pages à quelques reprises. Évidemment cela deviendra un texte beaucoup plus élaboré avec le temps, aujourd'hui je vous partage mes notes préliminaires.


Au bord de sa fenêtre le ciel semble si loin et si proche en même temps. Quelle sensation de s’élever vers le soleil? Quelle sensation de s’évaporer dans le néant et laisser son âme disparaître dans le temps. Sans un regard derrière. Sans une pensée guerrière.

Au bord de sa fenêtre le sol semble si loin et si près en même temps. Quelle sensation de flotter dans l’air? Quelle sensation de s’écraser sur le sol? Sentir ses os craquer, le squelette se casser. Laisser la vie s’échapper dans chaque éclat d’os brisés.

Assise sur le bord de sa fenêtre elle n’entend plus la terre qui tourne. Son cœur ne résonne plus des rires de l’enfance. L’amour ne trouve plus d’écho dans son cœur blessé.

La douleur. Sa présence. La peur qui pulse dans chaque cellule. À ses oreilles les mots vils des sots. Les mains sales sur sa peau. Un tremblement, un frisson d’effroi à la pensée du couteau sur sa gorge. Le courage défaillant, ne pas lutter. La peur. Les larmes qui coulent sans bruit.

Ses longs cheveux dénoués qu’elle a voulu arracher pour avoir mal. Ses poignets qu’elle n’a pas entaillés par peur d’avoir mal. La pilule oubliée pour rester consciente. La pilule avalée pour annihiler sa conscience.

Assise sur le bord de sa fenêtre, elle n’entend pas le cri de sa sœur, la question restée en suspend. La sensation d’une vague présence. L’esprit qui s’embrume déjà.

La chute.

Sans un cri, sans un son. Sans un sursaut de son cœur meurtri, elle laisse son corps foncer vers le sol. Elle laisse son corps s’éclater au sol. Sans un filet de sang, inerte, un corps sans vie.

Faiblement, son cœur bat. Une étincelle de vie, un éclat de désir, une cellule qui respire. Le regard rivé au ciel, inatteignable. Elle ne saura jamais ce que c’est que de s’évaporer dans le néant. Déjà la douleur s’infiltre puissante, dans ses os brisés. Une larme, une seule, avant de sombrer dans le noir.

On s’affaire autour d’elle. Les pleurs des mères accompagnent sa chair meurtrie. Elle ne les entendra jamais. L’amour versé en larmes ne lavera pas sa peine, ne l’enveloppera pas de douceur. Déjà on prétend. On nie la douleur, la détresse. Déjà on excuse son geste. C’est un accident. Un accident de parcours.

Comment laisse-t-on des âmes si douces connaître la peur? Où étions-nous? Comment une âme si pure goûte-t-elle à la noirceur? Où étaient nos mots apaisants?

Où étions-nous?

Sur le bord de sa fenêtre un coup de vent. Un murmure du ciel, un appel envoûtant. Le corps démoli s’attarde un instant, au bord de cette fenêtre où tout s’est arrêté. Comme une feuille dans le vent elle s’est envolée. Déjà fanée à 14 ans.

Elle ne se rappellera pas de la chute. Elle ne reconnaîtra pas la douleur profonde de son âme. Il ne lui restera que l’intense douleur dans son corps. Autour d’elle, les larmes sur des visages fermés. Autour d’elle des êtres inconnus. Elle ne parlera plus. Elle continuera de regarder le ciel pour vouloir si évaporer.

1 commentaire:

claude andré a dit…

Je t'avais laissé un message hier, pas fonctionné. Félicitations pour cette initiative bloguistique. Je reviendrai. Tu écris vachement bien. A+