samedi 5 avril 2014

E - Échouer, la voie de la réussite

Si échouer dans la vie avait aussi peu de conséquence que de manquer une maison en pain d'épice, on n'en ferait peut-être pas autant de cas.

Durant de longues années j'ai écrit en secret. Seulement quelques personnes étaient au courant. J'avais si peur... de quoi? Je ne me souviens plus très bien. Je pense que c'était la peur des commentaires me disant que c'était poche ce que j'écrivais. Lorsqu'on a peur d'être critiqué, ce n'est pas "ce que tu écris qui est mauvais", ce qu'on entend c'est : "TU es poche!" Je faisais très peu de nuance entre ce que je faisais et qui j'étais. Bon, j'avais déjà l'estime de soi rampante et la retenue facile à cet époque.

Maintenant, il y a toujours un fond d'excitation, mais jamais la peur viscérale que j'éprouvais il y a 20-25 ans. Je me suis déjà fait dire qu'avec l'âge on devient plus sur de soi, etc., etc. Je connais des gens que même avec les années, ils ne vont jamais se lancer. L'instinct de survie devant une menace, même imaginaire est tellement plus fort... En fait, c'est à force de me péter la gueule que je suis devenue affirmée à propos de mes écrits. J'écris ça et je cherche un exemple d'échec...

Ce n'est pas au niveau de l'écriture que j'ai échoué. Si je regarde les attentes que mon père avait... Epic Fail! Parfois dans l'éducation de mes enfants, on m'a fait des remarques... Maintenant quand je regarde mes enfants aujourd'hui, ils sont si beaux, bien élevés, ouverts, expressifs, etc. Et je réalise que c'est là  que je me suis construite, avec eux. À force de perdre patience pour des niaiseries, de me sentir impuissante, petite, incapable; de manquer des recettes, d'avoir un compte de banque dans le rouge et faire de la magie pour qu'il y ait de la bouffe dans le frigo; de ne pas pouvoir acheter des cadeaux de Noël; de ne pas dormir pour étudier et à l'aube nourrir le bébé...

Quand je regarde en arrière ce qui est, selon les normes, une suite d'échecs, je me dis que la vie c'est ça. Si j'arrêtais de voir ça comme des échecs... mes enfants me rappellent que la fameuse maison en pain d'épice qui ne voulait pas tenir debout, on l'a mis dans le congélateur et on l'a fait tenir avec des cure-dents. Nous avons tellement rit. Que le frigo vide a été l'opportunité d'apprendre à faire des pousses de légumineuses et de cultiver un petit jardin sur le balcon et qu'à Noël nous avons joué à des jeux, ensemble, toute la nuit.

C'est toujours une question de perspective. Pour mes enfants, je suis la plus drôle, la plus créative des mères. Alors que pendant longtemps, j'ai trouvé ça difficile et qu'il y avait plus souvent de larmes que de rires.

Écrire est une passion qui m'habite depuis si longtemps et je me suis cachée pour que cette partie de ma vie reste intacte, loin du tourbillon et de la lourdeur. Quand je regarde derrière, peut-être que j'aurais pu m'exposer avant, car depuis que je le fais, je ressens de plus en plus de liberté...

J'ai très peu échoué dans ma vie, je réussis beaucoup de ce que j'entreprends. Tout simplement parce que je suis patiente et que je n'ai pas peur des coups... Mais plus je suis ouverte, moins il y a de coups, plus je suis vulnérable et plus il y a de force dans ce que je fais.

Faut-il absolument échouer pour comprendre tout ça? Ou bien, échec et réussite ne sont liés qu'aux attentes que nous avons de nous-même?

Avec respect!
ML






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